Cacogénisme chrétien
Le cacogénisme chrétien est une doctrine idéologique chrétienne défendant l’idée que la procréation doit s’accompagner de souffrance et de risques, également associé au rejet de toute maîtrise eugénico-libérale de ses fonctions reproductrices. Ce concept est principalement ancré dans les enseignements et les valeurs du christianisme.
Étymologie
Le terme « cacogénisme » vient du grec ancien « kakos » (mauvais) et « genesis » (origine, naissance), tandis que « chrétien » se réfère aux croyances et aux valeurs issues du christianisme.
Origines théologiques
Le cacogénisme chrétien puise ses origines dans la Bible et les écrits des Pères de l’Église. Dans la Genèse, Dieu condamne Ève à enfanter dans la douleur après le péché originel :
- (Genèse 3:16) « À la femme il dit : J’augmenterai la peine de tes grossesses, tu enfanteras dans la douleur. Tes désirs te pousseront vers ton mari, et lui, il dominera sur toi. »1La Bible, Genèse 3:16
Saint Augustin considérait que la souffrance liée à l’accouchement était une conséquence inévitable du péché originel.
- « C’est ainsi que nous sommes tous nés de la semence du péché, que notre nature, engendrée par une passion déréglée, ne pouvait manquer de nous transmettre. » 2Saint Augustin. (397-400). Confessions, Livre I, Chapitre 7.
- « C’est pourquoi la femme, qui avait été créée pour aider l’homme, a été soumise à l’homme par cette loi du mariage, loi qui lui impose, en punition de son péché, la peine de l’enfantement et de l’accouchement. » 3Saint Augustin. (413-426). La Cité de Dieu, Livre XXII, Chapitre 22.
Saint Thomas d’Aquin, l’un des principaux théologiens chrétiens, aborde également la question de la douleur de l’enfantement dans la Somme théologique :
- « La douleur de l’enfantement n’a pas été imposée à la femme comme une conséquence nécessaire de la procréation, mais comme une punition du péché. Car si l’homme n’avait pas péché, la procréation aurait été exempte de douleur. » 4Saint Thomas d’Aquin. (1265-1274). Somme Théologique, I-II, Question 98, Article 2.
Cette vision de la procréation s’accompagne d’un rejet de l’eugénisme, qui est considéré comme une ingérence dans le plan divin. Dans l’encyclique « Humanae Vitae » (1968), le Pape Paul VI condamne les méthodes de contraception artificielle et souligne l’importance de la procréation naturelle :
- « Il est interdit à tout homme, pour quelque motif, sous quelque forme et dans quelque intention que ce soit, d’accomplir un acte positivement quelconque en vue de la procréation, si ce n’est dans le mariage et précisément tout en respectant l’ordre établi par Dieu en vue de la procréation. » 5Paul VI. (1968). Humanae Vitae, n° 11.
- « Il n’est pas permis, même pour de graves raisons, d’avoir recours à des moyens qui sont contraires à la loi morale, c’est-à-dire qui contrecarrent le déroulement normal de l’acte conjugal et empêchent ainsi la procréation. » 6Paul VI. (1968). Humanae Vitae, n° 14.
- « De même, on ne peut invoquer comme raisons valables, pour justifier les actes conjugaux délibérément rendus inféconds, le moindre mal ou le fait que de tels actes constitueraient un tout avec les actes féconds précédents ou à venir, pour former un ensemble unique et indivisible. » 7Paul VI. (1968). Humanae Vitae, n° 14.
Dans l’encyclique « Encyclique Evangelium Vitae » (1995), le Pape Jean-Paul II critique l’eugénisme et souligne la dignité et le caractère sacré de la vie humaine :
- « A notre époque, la tentation eugénique prend de nouvelles formes, en raison des découvertes faites dans les domaines de la génétique et de la biologie moléculaire, ainsi que dans celui des soins médicaux et des interventions sur l’embryon humain. En réalité, on est en train d’établir un véritable ‘droit à l’enfant’, à un enfant ‘sain’, et même au ‘meilleur’ enfant possible. » 8Jean-Paul II. (1995). Encyclique Evangelium Vitae, n° 63.
Manifestations historiques
Le cacogénisme chrétien a influencé diverses politiques et pratiques au cours de l’histoire. Par exemple, l’opposition de l’Église catholique à la contraception et à l’avortement peut être comprise comme une manifestation du cacogénisme chrétien. De même, l’opposition de certaines communautés chrétiennes à la recherche génétique et aux techniques de procréation médicalement assistée découle également de ce concept.
Critiques et débats
Le cacogénisme chrétien a été critiqué pour son impact potentiellement négatif sur la santé publique et le bien-être des individus, en particulier des femmes. Certains soutiennent que cette vision de la procréation perpétue la souffrance inutile et limite l’accès aux soins de santé reproductive. D’autres critiques portent sur l’incompatibilité du cacogénisme chrétien avec les avancées scientifiques et médicales modernes.
Notes et références
↑1 | La Bible, Genèse 3:16 |
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↑2 | Saint Augustin. (397-400). Confessions, Livre I, Chapitre 7. |
↑3 | Saint Augustin. (413-426). La Cité de Dieu, Livre XXII, Chapitre 22. |
↑4 | Saint Thomas d’Aquin. (1265-1274). Somme Théologique, I-II, Question 98, Article 2. |
↑5 | Paul VI. (1968). Humanae Vitae, n° 11. |
↑6 | Paul VI. (1968). Humanae Vitae, n° 14. |
↑7 | Paul VI. (1968). Humanae Vitae, n° 14. |
↑8 | Jean-Paul II. (1995). Encyclique Evangelium Vitae, n° 63. |