Bioculturalisme
Le bioculturalisme est une approche philosophique et scientifique considèrant que les sociétés humaines et les phénomènes anthropologiques sont le résultat d’une interaction complexe entre les facteurs biologiques et culturels. Cette perspective reconnaît que les aspects biologiques et culturels sont interdépendants et que leur influence réciproque varie selon les contextes. Le bioculturalisme s’oppose au bioréductionnisme, qui réduit tout à l’hérédité et au déterminisme génétique, et au bionégationnisme, qui considère que tout est une construction sociale.
Étymologie
Le terme « bioculturalisme » est dérivé de la combinaison des mots « biologie » et « culture », reflétant ainsi l’idée que ces deux domaines sont intrinsèquement liés et ne peuvent être considérés indépendamment l’un de l’autre dans l’étude des phénomènes anthropologiques.
Développements philosophiques et scientifiques
Le bioculturalisme puise ses racines dans diverses disciplines, dont la biologie, l’anthropologie, la sociologie, la psychologie et la philosophie. Cette approche cognitivement polyiste recroise les facteurs biologiques et culturels en étudiant leur interconnexion et leur action réciproque l’un sur l’autre afin d’améliorer à la compréhension complexe des comportements humains, des croyances, des sociétés humaines et des institutions.
Plusieurs moments clés de l’histoire des sciences et de la philosophie ont contribué au développement du bioculturalisme, en démontrant l’influence du biologique sur le culturel, l’inverse, ou leur action réciproque. Parmi eux :
- Les travaux de Charles Darwin sur l’évolution et la sélection naturelle ont mis en évidence l’importance des facteurs biologiques dans la compréhension de l’espèce humaine. Cela inclut les traits hérités et les adaptations qui ont permis aux individus de survivre et de se reproduire. Le concept de sélection sexuelle de Darwin montre également comment les préférences culturelles et sociales peuvent influencer la sélection des partenaires et donc les traits qui sont transmis aux générations futures. 1Darwin, C. (1859). On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life. London: … Lire la suite 2Darwin, C. (1871). The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex. London: John Murray.
- Les recherches de Franz Boas sur l’importance de la culture dans la compréhension des sociétés humaines. En tant que fondateur de l’anthropologie culturelle américaine, il a plaidé contre le déterminisme biologique en montrant que la diversité culturelle résulte de l’interaction entre les individus et leur environnement. Boas a également démontré que les différences biologiques entre les groupes humains ne sont pas nécessairement liées à des hiérarchies culturelles ou intellectuelles, mais plutôt à des facteurs environnementaux et historiques. 3Boas, F. (1911). The Mind of Primitive Man. New York: Macmillan. 4Boas, F. (1940). Race, Language, and Culture. New York: Macmillan.
- Les études de Bronislaw Malinowski sur le fonctionnalisme ont montré comment les institutions culturelles peuvent être liées à des besoins biologiques fondamentaux. Il a soutenu que les institutions culturelles servent à satisfaire les besoins biologiques de base des individus, comme la nourriture, la reproduction et la sécurité. Ainsi, les institutions culturelles sont façonnées par les contraintes biologiques et environnementales, et en même temps, elles influencent la manière dont les individus répondent à ces besoins. 5Malinowski, B. (1922). Argonauts of the Western Pacific: An Account of Native Enterprise and Adventure in the Archipelagoes of Melanesian New Guinea. … Lire la suite 6Malinowski, B. (1935). Coral Gardens and their Magic: A Study of the Methods of Tilling the Soil and of Agricultural Rites in the Trobriand Islands. … Lire la suite
- Les travaux de Claude Lévi-Strauss en anthropologie structurale cherchaient à comprendre les structures universelles de la pensée humaine en lien avec la biologie. Il a suggéré que la structure de la pensée humaine est universelle et basée sur des mécanismes cognitifs biologiquement déterminés, tels que la tendance à classer les éléments du monde en paires d’oppositions. Selon Lévi-Strauss, ces structures de la pensée sont à l’origine des mythes, des rites et des institutions sociales, démontrant ainsi comment le biologique engendre du culturel. 7Lévi-Strauss, C. (1949). Les Structures élémentaires de la parenté. Paris: Presses Universitaires de France. 8Lévi-Strauss, C. (1955). Tristes Tropiques. Paris: Plon. 9Lévi-Strauss, C. (1962). La Pensée sauvage. Paris: Plon.
Notes et références
↑1 | Darwin, C. (1859). On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life. London: John Murray. |
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↑2 | Darwin, C. (1871). The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex. London: John Murray. |
↑3 | Boas, F. (1911). The Mind of Primitive Man. New York: Macmillan. |
↑4 | Boas, F. (1940). Race, Language, and Culture. New York: Macmillan. |
↑5 | Malinowski, B. (1922). Argonauts of the Western Pacific: An Account of Native Enterprise and Adventure in the Archipelagoes of Melanesian New Guinea. London: Routledge & Kegan Paul. |
↑6 | Malinowski, B. (1935). Coral Gardens and their Magic: A Study of the Methods of Tilling the Soil and of Agricultural Rites in the Trobriand Islands. London: Allen & Unwin. |
↑7 | Lévi-Strauss, C. (1949). Les Structures élémentaires de la parenté. Paris: Presses Universitaires de France. |
↑8 | Lévi-Strauss, C. (1955). Tristes Tropiques. Paris: Plon. |
↑9 | Lévi-Strauss, C. (1962). La Pensée sauvage. Paris: Plon. |