Orthomanie
L’orthomanie désigne une tendance obsessionnelle à vouloir corriger, redresser, ou normaliser ce qui est perçu comme déviant, faux, incorrect ou « hors norme ». Elle peut se manifester dans divers domaines : langage (correction grammaticale ou sémantique compulsive), morale (attachement rigide à ce qui est jugé « juste » ou « droit »), esthétique (recherche du bon goût), ou social (volonté de conformité comportementale ou idéologique).
L’orthomanie se distingue d’un simple attachement à l’ordre ou à la rigueur par sa dimension pathologique, intrusive ou compulsive. Elle peut mener à une forme de normopathie, où le souci de « justesse » prend le pas sur la liberté, la complexité ou la pluralité.
Étymologie
Le mot est formé du grec ancien :
- ὀρθός (orthós) : « droit », « correct », « juste »
- μανία (manía) : « folie », « passion dévorante », « obsession »
Donc : orthomanie = « folie du juste », ou « obsession du correct ».
Domaines d’application
- Linguistique : obsession de la correction grammaticale ou syntaxique ; attitudes puristes.
- Éthique ou politique : idéologie du redressement moral ; volonté de normer les conduites privées.
- Esthétique : rejet compulsif de l’imparfait, du dissonant, du « mal fait ».
- Psychologie sociale : comportement hyper-contrôlant, parfois associé à une angoisse de l’ambigu ou du désordre.
Exemples proches ou dérivés
- Orthorexie (nutrition) : obsession de la nourriture « saine » ou « pure ».
- Normopathie : incapacité à supporter la déviation par rapport aux normes sociales établies.
- Puritanisme : version morale ou religieuse de l’orthomanie, focalisée sur la vertu.
Critiques et implications
L’orthomanie peut engendrer :
- une rigidification culturelle, empêchant la créativité ou la tolérance à l’ambiguïté ;
- des tensions sociales, en imposant des cadres de jugement normatifs à des réalités plurivoques ;
- un refus de la contingence, de la marge, du trouble.