Dolorisme

Le dolorisme est une surcroyance qui pousse à voir la souffrance comme bénéfique et le plaisir comme maléfique. Selon cette distorsion cognitive hédonophobe et nécrogène, le plaisir est vu comme éloignant nécessairement de la morale et de l’accomplissement personnel. Les adeptes du dolorisme sont à la recherche de toutes les pratiques ou voies religieuses visant à purifier leur esprit et leur corps en endurant volontairement des douleurs et des privations.

Origines historiques et philosophiques

Le dolorisme se retrouve dans plusieurs traditions philosophiques et religieuses. Dans l’Antiquité, certaines écoles de pensée grecques et romaines, comme le stoïcisme, prônaient la maîtrise de soi et l’endurance face à la douleur et à l’adversité. Plus tard, les courants de pensée chrétiens s’en sont servis comme caution antique de leur dolorisme et ont mis l’accent sur la souffrance comme moyen de purification et d’imitation du sacrifice de Jésus-Christ.

Le dolorisme dans le christianisme

Dans la tradition chrétienne, en particulier au sein du catholicisme, certaines figures religieuses ont pratiqué l’auto-mortification et la pénitence pour expier leurs péchés et se rapprocher de Dieu. Dans les récits hagiographiques, les saints et les mystiques, tels que Sainte Catherine de Sienne et Saint Jean de la Croix, ont souvent enduré des souffrances volontaires pour exprimer leur dévotion et leur amour pour Dieu. De plus, certaines confréries et ordres religieux ont adopté des pratiques d’auto-flagellation et d’ascèse pour atteindre la sainteté.

Les flagellants étaient un mouvement religieux qui a émergé au 13ème siècle en Europe, notamment en Allemagne et en Italie. Les membres de ce mouvement croyaient que la peste noire, qui ravageait l’Europe à l’époque, était un châtiment divin pour les péchés de l’humanité, et ils cherchaient à se purifier en infligeant des flagellations à leur propre corps. Les flagellants se déplaçaient en procession à travers les villes et les villages, vêtus de blanc et portant des croix, en chantant des psaumes et en se flagellant jusqu’au sang. Outre les flagellants, il y avait d’autres groupes chrétiens qui pratiquaient la douleur pour se purifier, notamment les ermites et les moines qui pratiquaient l’ascèse et la pénitence. Certains ordres religieux, tels que les Franciscains, pratiquaient également l’auto-mortification, mais ils le faisaient de manière plus modérée que les flagellants. D’autres formes de pratique de la douleur incluent l’abstinence de nourriture, le jeûne, la privation de sommeil et l’isolement. Ces pratiques ont souvent été associées à la recherche de l’union mystique avec Dieu et à la purification de l’âme.

Critiques et débats

Le dolorisme a suscité des critiques et des débats au fil des siècles. Certains pensent que cette approche de la spiritualité et de la morale est masochiste et malsaine, et qu’elle peut conduire à l’auto-destruction plutôt qu’à l’épanouissement. D’autres soutiennent que la recherche du plaisir et du bien-être est une aspiration légitime et qu’il est possible d’atteindre l’épanouissement spirituel et moral sans nécessairement souffrir.

Barre latérale