Fausse promesse patriarcale de protection
La fausse promesse patriarcale de protection est une tactique conservatrice et misogyne visant à manipuler les femmes pour les soumettre et les éloigner du féminisme en leur faisant la fausse promesse suivante : « renonce à tes droits, soumets-toi au pouvoir masculin, et nous, les hommes, te protégerons de la violence d’autres hommes. »
Description
La fausse promesse patriarcale de protection est entremêlée avec le mythe du protecteur patriarcal et le mythe du féminisme anti-femmes. Cette promesse est illusoire, car elle consiste à compter sur la bienveillance d’une figure tutélaire jouissant de pleins pouvoirs. Le pouvoir masculin sans contre-pouvoir féministe mène inévitablement à une multitude d’abus du pouvoir masculin sans aucun recours possible. De plus, une part considérable de la violence faite aux femmes se produit au sein de la sphère domestique, dans la famille, dans le couple. En bref, elle est souvent exercée par le soi-disant « protecteur ».
La plupart des femmes, s’accrochant désespérément à la vie, n’osent pas abandonner la foi aveugle. De la maison du père à celle du mari, jusqu’à une tombe qui pourrait ne pas être la leur, une femme acquiesce à l’autorité masculine pour obtenir une certaine protection contre la violence masculine. Elle se conforme, pour être aussi en sécurité que possible. Parfois, c’est une conformité léthargique, dans ce cas les exigences masculines se referment lentement sur elle, comme si elle était un personnage enterré vivant dans une histoire d’Edgar Allan Poe. Parfois, c’est une conformité militante. Elle se sauvera en prouvant qu’elle est loyale, obéissante, utile, voire fanatique au service des hommes qui l’entourent. Elle est la prostituée heureuse, la ménagère heureuse, la chrétienne exemplaire, l’académique pure, la camarade parfaite, la terroriste par excellence. Quelles que soient les valeurs, elle les incarnera avec une fidélité parfaite. (…) Les femmes savent, mais ne doivent pas reconnaître, que résister au contrôle masculin ou affronter la trahison masculine mènera au viol, aux coups, à la déchéance, à l’ostracisme ou à l’exil, à l’enfermement dans un établissement psychiatrique ou en prison, ou à la mort. Comme Phyllis Chesler et Emily Jane Goodman le soulignent dans Women, Money, and Power, les femmes luttent, à la manière de Sisyphe, pour éviter le « pire » qui peut et arrivera toujours à elles si elles transgressent les limites rigides du comportement féminin approprié. La plupart des femmes ne peuvent pas se permettre, matériellement ou psychologiquement, de reconnaître que les offrandes brûlées d’obéissance qu’elles apportent pour implorer protection n’apaiseront pas les petits dieux en colère autour d’elles.
— Andrea Dworkin, Femmes de droite, 1983