Démonstration prédationnelle

La démonstration prédationnelle est une technique de manipulation psychologique consistant à ancrer dans l’esprit d’une personne l’image mentale d’une victimation pour rappeler son statut de proie potentielle, dans le but de la désarmer psychologiquement. Il s’agit d’une démonstration de force par projection publique ou privée d’image mentale dégradante. On fait comprendre implicitement à la victime et au public que la victime bénéficie d’un sursis, que le rapport de force n’est pas en sa faveur et que la victime ferait mieux de se soumettre à certaines conditions si elle veut continuer à bénéficier de ce sursis. Cette technique repose sur l’implicite : on crée une image mentale, plutôt que de formuler explicitement des menaces.

Utilisation en contexte misogyne

La technique de démonstration prédationnelle peut être employée dans des contextes variés. En contexte misogyne, cette technique vise à faire étalage de dominance sociale pour signifier à une femme que sa sécurité et son intégrité ne dépendent que du bon vouloir de l’homme qui peut décider à tout instant de rejoindre le camp des prédateurs. On rappelle à la femme qu’on peut décider de la livrer à des prédateurs et qu’elle devrait se montrer docile auprès de ses « protecteurs » si elle souhaite rester en sécurité.

De plus, le fait de décrire avec des mots ou des images les sévices susceptibles d’advenir à la proie potentielle crée une image mentale à destination de la victime et du public, pour rappeler que la norme est la prédation, qui n’est suspendue que temporairement, tant que l’auteur de la démonstration prédationnelle le voudra bien. Concrètement, on ancre l’idée que le viol est la norme et que si telle femme n’a pas été pour le moment violée, c’est parce que les hommes dictant les règles du groupe veulent bien la protéger. Si elle venait à contrarier le groupe, par exemple en manifestant trop d’indépendance, en refusant d’être traitée comme une propriété, elle perdrait la protection du groupe et serait livrée à des prédations.

Exemples

  • Un homme qui dit à une femme : « Si tu vivais dans telle cité, une fille comme toi, tu te serais faite violer depuis longtemps par des racailles ». C’est une manière de fixer dans les esprits l’image de cette femme en train d’être violée pour la ramener symboliquement à un statut inférieur, de rappeler que la situation normale est le « viol par des racailles », situation suspendue uniquement grâce au bon vouloir des hommes daignant la « protéger ». On rappelle à la femme qu’on peut décider de la livrer à des prédateurs et qu’elle devrait se montrer docile auprès de ses « protecteurs » si elle souhaite rester en sécurité.
  • L’obession des hommes de la fachosphère à diffuser dessins, photomontages et textes mettant en scène des féministes blanches subissant des « gangs bangs » d’hommes africains. Il s’agit de ramener des femme refusant d’être leur propriété à une image mentale de victime chosifiée, et de sous-entendre que si ces femmes persistent à ne pas leur obéir, elle mériteraient d’être violées par des hommes étrangers.
  • Des musulmans qui disent à des personnes protestant contre le terrorisme islamique : « Arrêtez de nous traiter les musulmans de terroristes, si on était tous terroristes vous seriez déjà morts ». Les « mécréants » se voient ainsi rappeler que leur survie dépend du bon vouloir des musulmans non-violents. Il y a menace implicite de briser ce statu quo si la victime persiste à critiquer l’islam. Ce genre de phrases permet d’exalter la force du groupe « les musulmans » et d’agiter la menace terroriste sans pour autant proférer de menace directe pénalement répréhensible.
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